AISHA Examentrainer

Tekst bij de Opgave

(1) Suggérer au livreur de rejoindre le lieu-dit en partant du centre-bourg, trouver l'église, tourner à droite, puis, à 300 mètres au niveau de la croix, 5 prendre le chemin... En France, dans de nombreuses communes rurales, habiter un lieu où il n'y a pas de noms de rue est une question d'habitude. Mais cette particularité 10 française est en train de disparaître. Un projet de loi va rendre l'adressage obligatoire. Une formalité pour faciliter la vie des secours, des livreurs, des réparateurs? Pas si 15 simple. Dans de nombreux villages, la perspective suscite la crainte de <<< devenir comme les autres >>. Les noms de rue, c'est bon pour la ville; ici tout le monde se connaît, entend- 20 on souvent.

(2) Personne ne nie l'intérêt d'avoir une localisation plus précise. Par exemple, le raccordement à la fibre nécessite un nom de rue et un 25 numéro. L'enjeu est parfois même vital. A Traversères, dans le Gers (80 habitants), les secours sont à vingt minutes, mais dans ce coin vallonné, les GPS indiquent fréquemment une 30 mauvaise géolocalisation. Les secours se trompent de colline, ils arrivent au centre-bourg, on appelle le maire, c'est une perte de temps.

(3) Et l'adressage obligatoire 35 s'accélère. L'an dernier, La Poste a enregistré la création de 91500 nouvelles voies, contre 55 000 par an jusque-là. Mais l'enthousiasme n'est 40 pas toujours au rendez-vous. Il y a les maires un peu âgés qui n'ont aucune envie de mener un chantier de cette ampleur. D'autres se heurtent aux critiques de certains de 45 leurs administrés. Trop cher, trop compliqué...

(4) En réalité, c'est surtout la crainte de perdre son âme. Le choix des noms en atteste. La plupart des communes partent de rien, si ce n'est 50 des usages en vigueur. Les discussions s'animent. Faut-il laisser les habitants faire des suggestions? Trop compliqué. A Villossanges, une commune de 362 habitants qui 55 s'étend sur 33 kilomètres carrés et compte 33 hameaux, le conseil municipal a tranché seul, mais en s'appuyant sur les habitudes orales. Avant, on disait 'vers les Marronniers' 60 ou 'vers les Guillottes', et on a repris ces appellations.

(5) Malgré la pression économique et administrative, les habitudes orales devraient survivre encore un peu. 65 Car si l'Etat et La Poste s'emploient à mettre à jour les bases de données, les opérateurs de GPS et de cartes 70 traînent souvent. Et c'est ainsi que, même dans des villages qui ont désormais des noms de rue, on aperçoit encore des livreurs tourner d'un hameau à l'autre, revenir au 75 bourg et regarder d'un air désespéré le panneau recensant toutes les rues de la commune. Faute d'habitude, ils ne savent pas toujours les lire et rêvent de quelqu'un qui leur dirait : à 80 l'église, tourner à droite, puis, à 300 mètres au niveau de la croix, prendre le chemin...